Lecture rapide
- La jacinthe d’eau, une plante nuisible qui se propage à un rythme accéléré
- L’écologiste Gretta Kathia Iradukunda s’active pour sauver le lac Tanganyika contre cette plante dévastatrice.
- La jacinthe d’eau, un défi transformé en opportunité
Par Ferdinand Mbonihankuye
Poussée par son amour de l’environnement, Gretta Kathia Iradukunda commence à s’investir dans les clubs œuvrant dans ce domaine. Lors des échanges dans les clubs, ses recherches et présentations mettent l’accent sur la protection du lac Tanganyika, car il est plus pollué par les déchets de toutes sortes.
En 2017, le Fonds mondial pour la nature a déclaré le lac Tanganyika comme étant le lac le plus menacé au monde, se rappelle Iradukunda. Parmi les menaces auxquelles fait face le lac figure surtout la jacinthe d’eau. Il envahit la surface du plan d’eau, ajoute-t-elle
En me ressourçant sur internet, indique Kathia, j’ai trouvé que la jacinthe d’eau est une plante nuisible sur tous les plans. Elle constitue non seulement une menace pour la population, mais aussi d’autres espèces aquatiques, ce qui nuit à l’environnement
Mme Iradukunda fait savoir que cette déclaration du Fonds mondial pour la nature de 2017 l’a incité à apporter sa contribution à la protection du lac Tanganyika de cette plante dévastatrice en vue de transformer ce défi en une opportunité d’affaire rentable. « Toujours en me documentant sur internet sur le sujet, j’ai appris qu’avec cette herbe on pouvait faire des serviettes hygiéniques et d’autres objets d’artisanat », explique-t-elle.
« Jeune, j’ai souvent regardé des émissions télévisées alertant sur le danger de cette plante. Albert Mbonerane, ancien ministre de l’environnement fait partie des experts environnementalistes qui m’ont beaucoup inspiré. A partir de ces expériences, j’ai commencé à avoir une idée de comment protéger le lac Tanganyika et son écosystème. » Souligne Mme Iradukunda.
Directrice et fondatrice de Hyacinth Art House, Gretta Kathia Iradukunda est en première ligne de la bataille pour la préservation de l’environnement en limitant la prolifération de la jacinthe d’eau jusqu’à 50%.
Un «poison» qui se propage à un rythme effrénée
D’après Albert Mbonerane ancien ministre de l’environnement et environnementaliste, la jacinthe d’eau est une menace pour la biodiversité de ce/du lac parce qu’elle fait partie des plantes envahissantes, C’est –à – dire une plante qui cherche à occuper une place qui ne lui était pas attribuée. Il n’y a aucun être vivant qui peut vivre sous la jacinthe d’eau parce que ça étouffe, l’oxygène n’entre pas.
Kathia explique que déraciner et jeter cette plante envahissante, ne suffira pas », tout en rappelant qu’au-delà de ceci, le recyclage et leur exploitation en les transformant en des objets d’art serait une bonne chose pour mettre fin à sa propagation.
« J’ai choisi de protéger l’écosystème du lac Tanganyika, car il est une source assez importante d’eau de consommation et de bons poissons pour ses riverains, nous apprend-elle. Avant d’ajouter qu’Il constitue également un lieu touristique, un des meilleurs endroits du Burundi.
La jacinthe d’eau, génèse d’Hyacinth Art House
Et elle finit par découvrir que c’est possible de fabriquer différents objets comme les corbeilles, les petits paniers, des emballages biodégradables et set de table etc à partir de la jacinthe d’eau. Un déclic pour concrétiser son idée.
En mars 2022, Gretta Kathia Iradukunda va effectivement lancer son projet. Son idée séduit les centres d’incubation et les organismes internationaux. Elle devient cette même année lauréate du prix AWA en tant que meilleure jeune innovatrice. Depuis cette année à nos jours, environ 6500 tonnes de jacinthe d’eau sont déjà déracinées et collectées, estime Gretta Kathia Iradukunda.
Pour peaufiner sa stratégie, elle a fait participer des femmes artistes à faibles revenus à son projet. Elle a approché les membres de la coopérative nommée SYCABU composée de 145 artisans dont 140 femmes et 5 hommes opérant dans la province de Bubanza. Cette dernière contribue à la collecte, au séchage et à la transformation fournis par les artisanes.
« Notre mission est de protéger l’environnement en créant des produits ou des services adaptés tout en autonomisant les femmes des communautés défavorisées du Burundi. Entre avril 2021 et avril 2022, environ 5 tonnes de jacinthes d’eau ont été déracinées des rives du lac Tanganyika. », fait savoir Iradukunda avant de mentionner que 100 femmes de la synergie des coopératives artisanales de Bubanza (SYCABU) ont été formées aux techniques de vannerie.
Environ 500 personnes, y compris des membres de la famille d’artisanes, ont amélioré leur vie grâce aux revenus de ce projet.
Comme tout jeune entrepreneur débutant, Mme Iradukunda souligne que le premier défi est lié au manque de financement. Elle mentionne le manque de fonds pour mieux exploiter cette mauvaise herbe envahissante, en particulier ses feuilles et ses racines. Elle a l’ambition d’éradiquer cette plante des rives du lac Tanganyika. Elle souligne également le manque d’espace de séchage en particulier pendant la saison des pluies.
Du haut de ses 27 ans, Gretta Kathia Iradukunda est native de la province et commune Gitega. Après ses études secondaires en section scientifique B à l’École Internationale de Gitega (EIG), elle embrasse ses études universitaires en faculté de santé publique à l’Université Lumière de Bujumbura. Après le Bac, Mme Iradukunda devient stagiaire en journalisme au sein du magazine Jimbere.
Mais, avec son diplôme en science de la santé publique en poche, Gretta Kathia Iradukunda deviendra non seulement entrepreneure en économie verte pour se créer une source de revenus, elle sera également passionnée par le secteur de l’environnement.