En octobre et novembre 2023, le Kenya et le Rwanda ont annoncé la suppression des visas pour tous les Africains, afin de faciliter le libre-échange et la libre-circulation sur leurs territoires. Alors que le démantèlement des barrières autour du régime des Visas facilite les Africains à être libre de se déplacer au Burundi (et vice-versa) pour faire du commerce, quid du régime des visas au Burundi ?
« Avec mon seul passeport burundais, je peux entrer dans 15 pays sans visa ». Ces propos sont ceux de Paul Ndiho, commerçant burundais qui fait de l’import-export des avocats, et témoigne à quel point la libre circulation des Burundais fait partie des domaines les plus affectés. Les restrictions imposées au déplacement des Africains par-delà les frontières entravent le commerce et étouffent l’industrialisation. Elles freinent l’innovation et entravent la formation de chaînes de valeur régionales et la réussite du Zlecaf.
Le bémol
Jusqu’aujourd’hui en 2023, pour la plupart des Burundais qui veulent voyager dans les pays africains, la façon la plus courante d’obtenir un visa consiste pour le demandeur à faire une demande de visa auprès du bureau diplomatique local du pays de destination avant de quitter son pays. La procédure de demande de visa exige parfois un entretien et la présentation de copies papier des documents justificatifs : billets de voyage, relevés bancaires, réservations d’hôtel, preuve d’assurance-maladie, etc. Cette méthode de demande s’avérer laborieuse et longue en termes de temps, de papiers justificatifs et de coûts.
Et pour les pays qui offrent un visa à l’arrivée, certains pays africains n’offrent que des visas de tourisme, mais pas de visas d’affaires. Ils peuvent également limiter les visas à l’arrivée aux courts séjours ou aux voyageurs de certaines nationalités.
Quid du Burundi ?
Selon l’indice d’ouverture sur les visas 2022, le Burundi est en train de faire du chemin, mais à encore des pas en avant à faire. Le Burundi a gagné 32 échelons en 2022, en se classant à la 12e position en Afrique, et devenant l’un des pays les plus ouverts d’Afrique de l’Est.
Historique du classement du Burundi en Afrique dans l’ouverture sur les visas de 2016 à 2022 | |||||||
Année | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | 2020 | 2021 | 2022 |
Classement sur les 54 pays d’Afrique | 11 | 48 | 46 | 46 | 46 | 44 | 12 |
Selon l’indice d’ouverture sur les visas 2022, les ressortissants de 11,11 % des pays africains peuvent entrer au Burundi sans visa (6/54 pays). Les 87,04 % peuvent entrer au Burundi avec un visa à l’arrivée (47/54 pays), mais le processus exige des frais exorbitants et plus de documents. Heureusement, aucun Africain n’est tenu de demander un visa avant de quitter son pays pour venir au Burundi. C’est la raison pour laquelle le Burundi a un meilleur score d’ouverture de visa par rapport aux autres pays de l’EAC :
Pays | Sans visa | Visa à l’arrivée | Visa obligatoire | Place sur les 53 pays d’Afrique évalué |
Rwanda | 18 | 35 | 0 | 5 |
Burundi | 6 | 47 | 0 | 12 |
Somalie | 0 | 52 | 1 | 15 |
Tanzanie | 19 | 22 | 12 | 20 |
Ouganda | 20 | 0 | 33 | 30 |
Kenya | 19 | 0 | 34 | 31 |
RDC | 4 | 3 | 0 | 47 |
Sud Soudan | 3 | 0 | 0 | 50 |
Le hic, même si le Burundi fait partie de l’Union douanière de l’EAC, et a ratifié la ZLECAf, il n’a pas signé le protocole sur la libre circulation des personnes, et ne dispose pas de système de visas électroniques.
Que faire ?
La théorie du CDE et de l’IATP est simple. Pour que le libre-échange au Burundi devienne plus amélioré, les Africains doivent être plus libres de se déplacer au Burundi et vice-versa. Par-là, il faut simplifier les procédures de visa en supprimant les visas comme vient de le faire le Kenya et la Rwanda, ou rendre effectif le passeport de l’Union africaine pour tous les citoyens Africains, délivré par les autorités nationales selon les critères définis par l’Union africaine en 2016, ou introduire les visas électroniques utilisant une plateforme sécurisée et fiable avec un temps de réponse garanti.
La libre circulation des Burundais en Afrique et des africains au Burundi dans toute l’Afrique fera plus que faciliter le commerce et les investissements intra-africains, créer et favoriser les opportunités d’emploi, rendre la main-d’œuvre plus mobile et élever le niveau de vie. Ainsi, réduire ces barrières du régime des visas permettra à un plus grand nombre d’Africains, et en particuliers de Burundais, de voyager sans visa ou avec un visa électronique, ce qui ferait du Burundi un espace nettement plus ouvert au libre-échange.